Table des matières
lentus, -a, -um
4.1. Résumé
A. « Flexible, sans rigidité, mou »
- Pl. As. 575 :
ualidos lictores, ulmeis adfectos lentis uirgis !
« […] de robustes licteurs, munis de souples verges d’orme ! » (traduction A. Ernout, 1959, CUF).
- Tib. 3, 7, 90 :
[…] lento perfregerit obuia pilo.
« […] il aura traversé le but avec un pilum qui ploie. » (traduction J.-F. Thomas)
- Vitr. 2, 5, 2 (à propos de pierres – saxa) :
[…] quae plus habent aquae lenta
sub umore.
« […] celles qui ont plus d’eau sont rendues malléables par l’humidité […] » (traduction L. Callebat, 1992, CUF)
- Mel. 3, 103 (à propos des Humantropodes) :
inflexi lentis cruribus, quos serpere potius quam ingredi referunt.
« […] ils avancent courbés sur des jambes pas fermes et rampent, dit-on, plus qu’ils ne marchent. » (traduction J.-F. Thomas)
- Aus. Mos. 246-7 (à propos du pêcheur) :
Ille autem scopulis subiectas pronus in undas
inclinat lentae conexa cacumina uirgae.
« […] lui, là-bas, penche vers l’eau qui sous les rochers ruisselle, incline le souple scion de sa gaule flexible et lance un hameçon gainé d’une fatale amorce. » (traduction B. Combeaud, 2010, Mollat)
B. « Visqueux, mou »
- Cat. Agr. 40, 2 : Haec una bene condepsito quam maxime uti lentum fiat.
« Pétrissez bien l’ensemble de manière que le mélange soit le plus liant possible. » (traduction R. Goujard, 1975, CUF)
- Hor. Sat. 2, 2, 75-76 :
Dulcia se in bilem uertent stomachoque tumultum \\lenta feret pituita […]
« Les douces saveurs se tourneront en bile et la visqueuse pituite mettra la révolution dans ton estomac. » (traduction F. Villeneuve, 1995, CUF)
- Pline l’Ancien HN 11, 239 :
Spuma id est, lacte concretior lentiorque quam quod serum uocatur.
« Le beurre, plus épais et plus visqueux qu’on nomme serum est l’écume du lait. » (traduction A. Ernout, 1947, CUF)
C. « Lent, apathique »
- Cic. Att. 1, 18, 4 (= t. 1 n° 24) :
Hunc ego accepi in senatu, ut soleo, sed nihil est illo homine lentius.
« Je l’ai accueilli au sénat comme je sais le faire, mais il n’y a rien de plus apathique que cet homme-là. » (traduction J.-F. Thomas)
- Liv. 10, 28, 6 :
[…] lentior uidebatur pedestris pugna, equitatum in pugnam
concitat.
« […] le combat d’infanterie lui paraissait trop lent, il poussa à l’attaque sa cavalerie. » (traduction J.-F. Thomas)
- Amm. 20, 8, 21 :
[…] et, necessitudine omni relicta digressus, uenit ad Constantium itineribus lentis […] »
« […] il partit, abandonnant toute sa famille, s’en vint rejoindre Constance à petites étapes […] » (traduction J. Fontaine, 1996, CUF)
- Aus. Epigr. 17, 1-2 :
Tam segnis scriptor quam lentus, Pergame, cursor,
fugisti et primo captus est in stadio.
« Paresseux à écrire, aussi lent à courir, Pergame, tu as fui et tu fus pris au premier kilomètre. » (traduction B. Combeaud, 2010, Mollat)
Nombreuses applications : employé en particulier pour la lenteur de parole :
- Cic. Brut. 178 :
[…] nimis ille quidem lentus in dicendo et paene frigidus, sed et callidus et in capiendo aduersario uersutus […]
« […] un homme lent dans son débit et presque froid, mais retors et habile à prendre l’adversaire au dépourvu […] » (traduction J.-F. Thomas)
l’insensibilité de celui qui se laisse difficilement émouvoir :
- Ov. Am. 1, 6, 13-14 :
Te nimium lentum timeo, tibi blandior uni,
Tu, me quo possis perdere, fulmen habes.
« Ce que je crains, c’est de te trouver trop peu réactif. Tu es le seul que j’essaie d’amadouer ; c’est toi qui as en main la foudre pour me perdre. » (traduction J.-F. Thomas)
- Sen. Breu. 9, 3 :
Quid securus et in tanta temporum fuga lentus menses tibi et annos in longam seriem, utcumque auiditati tuae uisum est, exporrigis ?
« Pourquoi, insoucieux et nonchalant dans la fuite précipitée du temps, alignes-tu au gré de ton avidité une longue file de mois et d’années ? » (traduction A. Bourgery, 1959, CUF)
la lenteur à se manifester, la capacité à se retenir :
- Tac. An. 3, 70, 2 :
Sane lentus in suo dolore eset ; rei publicae iniurias ne
largiretur.
« Que le prince se montrât nonchalant dans son ressentiment personnel, soit ; mais qu’il ne fît pas remise des offenses envers l’État. » (traduction P. Wuilleumier, 2003, CUF)
la lenteur de ce qui tarde à se réaliser :
- Liv. 5, 5, 7 :
Breuis enim profecto res est, si uno tenore peragitur nec ipsi per intermissiones has […] lentiorem spem nostram facimus.
« Assurément, la tâche est brève, si elle se fait dans un effort continu et si, par nos interruptions […], nous ne rendons pas nous-mêmes notre espoir plus lent à se réaliser. » (traduction J.-F. Thomas)
D. « Résistant »
Dans un emploi surtout poétique, le mot s’applique à des personnes ou des choses qui ne se laissent pas changer :
- Virg. En. 12, 772-773 :
Hic hasta Aeneae stabat, huc impetus illam
detulerat fixam et lenta radice tenebat.
« La pique d’Énée était là, un jet impétueux l’y avait portée, fixée ; elle restait prisonnière d’une racine tenace. » (traduction J.-F. Thomas)
- Prop. 4, 4, 9-10 :
Quid tum Roma fuit, tubicen uicina Curetis
cum quateret lento murmure saxa Iouis ?
« Qu’était donc Rome alors que le trompette de Cures secouait les rochers proches de Jupiter d’un grondement persistant ? » (traduction S. Viarre, 2005, CUF)
- Vitr. 8, 3, 18 :
Item plumbum, quod est lentissimum et grauissimum, si in uase conlocatum fuerit et in eo acetum suffusum, id autem opertum et oblitum erit, efficietur, uti plumbum dissoluatur et fiat cerusa.
« Si on met du plomb qui est si tenace et si pesant dans un vase où on a versé du vinaigre et que d’autre part on ferme hermétiquement, il adviendra que le plomb se désagrègera et deviendra de la césure. » (traduction L. Callebat, 1973, CUF)
- Nemes. Ecl. 4, 50-51 :
Qui tulerit Meroes fastidia lenta superbae,
Sithonias feret ille niues […]
« Qui aura enduré les dedans tenaces de l’altier Méroé, supportera les neiges sithoniennes. » (traduction P. Volpilhac, 1975, CUF)