gĕrō, -is, -ĕre
3. Distribution dans les textes au cours de la latinité
3.0. Généralités
3.0.1. Première occurrence dans les textes ou inscriptions
Le verbe gerere est attesté dès la période archaïque chez Naevius (2 occurrences) et Ennius (14 occurrences) par tradition indirecte dans des citations effectuées par des auteurs ultérieurs. Il a une bonne fréquence chez Plaute (120 occurrences, fréquence relative 724 pour 1.000.000 mots). Chez Plaute, gerere sert déjà de verbe-support dans des lexies verbales comme gerere morem alicui « être indulgent à l’égard de (+ datif) » dans le passage suivant (cf. 4.C. 2) :
- Pl. Am. 131 : Pater nunc intus suo animo morem gerit.
« Et là-dedans, mon père, à l’heure qu’il est, contente son envie. » (trad. A. Ernout, CUF)
3.0.2. Répartition et distribution des occurrences dans les textes au cours de la latinité
Du fait de son sémantisme large et de ses emplois dans des lexies verbales où il sert de verbe-support, gerere conserve une haute fréquence durant toute la latinité. Sa très bonne fréquence durant les premiers siècles de la latinité montre qu’il s’agit d’un terme latin ancien davantage employé à l’époque archaïque et classique que par la suite à partir du +1er s. ap. J.-Ch. En latin tardif, en effet, il aura tendance à être remplacé par d’autres verbes de sens semblable.
3.0.3. Fréquence comparée des formes flexionnelles
3.1. Distribution diachronique (périodes d’attestation)
Nombre d’occurrences | Fréquence relative ( pour 1 000 000 mots) | |
---|---|---|
IIIe-IIe siècle av. J.-C. | 166 | 622 |
Ier siècle av. J.-C. | 1273 | 701 |
Ier siècle ap. J.-C. | 736 | 274 |
IIe siècle ap. J.-C. | 293 | 263 |
IIIe siècle ap. J.-C. | 134 | 170 |
IVe siècle ap. J.-C. | 1766 | 285 |
Ve siècle ap. J.-C. | 2776 | 238 |
Total | 7144 | 291 |
3.2. Distribution diastratique (diaphasique)
Gerere est un terme incontournable de la langue usuelle fondamentale. Il appartient à la prose et à la poésie. Il n’est pas évité par les poètes (Virgile, 36 occurrences, fréquence relative 411 ; Lucrèce 35 occurrences, fréquence relative 694). Mais sa qualité de verbe d’action hyperonymique pouvant servir de verbe-support dans des lexies verbales explique sa plus forte présence dans les textes de prose narrative historique (voir tableau en 3.4.).
3.3. Distribution diatopique (dialectale, régionale)
3.4. Distribution par auteur, par œuvre
Voir ci-dessus, § 3.0.1-2. et 3.2. ; le tableau ci-dessous est limité aux auteurs classiques qui présentent les plus hautes fréquences d’emploi.
Auteur (par ordre de fréquence relative croissante) | Nombre d’occurrences | Fréquence relative ( pour 1 000 000 mots) |
---|---|---|
Varron | 14 | 185 |
Virgile | 36 | 411 |
Catulle | 7 | 535 |
Lucrèce | 35 | 694 |
Cicéron | 776 | 704 |
César | 80 | 1011 |
Salluste | 44 | 1164 |
Tite-Live | 790 | 1534 |
Ps.-César | 50 | 1649 |
Cornelius Nepos | 83 | 2880 |
Ce tableau met en évidence deux regroupements par genre littéraire : Virgile, Catulle, Lucrèce pour la poésie classique ; et surtout : Salluste, César, Ps.-César, Tite-Live, Cornelius Nepos pour la prose historique classique. Le verbe gerere prospère donc dans la prose historique de l’époque classique (entendue au sens large : -1er s. et +1er s.).
A titre de comparaison, on compte chez Augustin 1529 occurrences, pour une fréquence relative de seulement 299 pour 1.000.000 mots.
Ainsi le verbe gerere appartient-il au vocabulaire fondamental du latin, comme le montre sa fréquence et sa fonction de verbe-support dans des lexies verbales.